Édifice C.K. Choi (Matsuzaki/Wright Architects), 1996. Architecte paysagiste : Cornelia Hahn Oberlander. Photo fournie par la School of Public Policy and Global Affairs, Université de la Columbie-Britannique. C.K. Choi Building (Matsuzaki/Wright Architects), 1996. Landscape Architect: Cornelia Hahn Oberlander. Photo provided by the School of Public Policy and Global Affairs, University of British Columbia.

Édifice C.K. Choi (Matsuzaki/Wright Architects), 1996. Architecte paysagiste : Cornelia Hahn Oberlander. Photo fournie par la School of Public Policy and Global Affairs, Université de la Columbie-Britannique. C.K. Choi Building (Matsuzaki/Wright Architects), 1996. Landscape Architect: Cornelia Hahn Oberlander. Photo provided by the School of Public Policy and Global Affairs, University of British Columbia.

Souvenirs de mon travail avec Cornelia

Eva Matsuzaki

Je connais Cornelia depuis 1974. Je pourrais raconter des centaines d’histoires sur le travail que j’ai réalisé avec elle, mais j’aimerais me pencher sur trois aspects en particulier qui reflètent tout le plaisir de travailler avec elle et de la connaître.

Repousser les frontières

Cornelia était toujours prête à essayer de nouvelles solutions lorsque nos équipes de design faisaient face aux défis d’un nouveau projet. Chacun d’entre eux comportait toujours des exigences particulières—les besoins des propriétaires, les usagers quotidiens, le budget, le site comme tel, le grand public et la Terre Mère. Il n’était jamais question d’opter pour une solution usuelle. Les idées s’enrichissaient les unes les autres dans un effort collectif entre architectes, architectes paysagistes et ingénieurs.

Quand la possibilité de faire les choses différemment entrait dans l’équation, il fallait faire de la recherche. Nous devions convaincre plusieurs personnes que ces nouvelles solutions représentaient des avancements importants, et qu’il ne s’agissait pas d’idées tout simplement nouvelles. Cornelia était une chercheure enthousiaste, et puisait ses réponses autant dans des sources respectées que dans des recoins plus obscurs.

Voler comme des bernaches du Canada

L’équipe qui concevait le bâtiment C.K. Choi à l’Université de la Colombie-Britannique était formé de six femmes et un homme—des architectes (Joanne et Eva), des architectes paysagistes (Cornelia et Elisabeth), une ingénieure de structures (Diana), une ingénieure en mécanique (Jeanette), et un ingénieur électricien (Andy). Tous les mardis matin à 10 heures, nous nous assoyions autour d’une grande table carrée dans mon bureau. Au fur et à mesure que chaque discipline partageait ses enjeux, ses alternatives et ses décisions, nous nous sommes rendu compte que nous étions comme des bernaches du Canada qui volent en « V », chacune prenant place à la tête de la formation, chacune tour à tour adoptant le rôle de leader. Bien entendu, les « oies » qui volaient derrière le meneur continuaient de cacarder pour faire avancer le projet. Un véritable travail d’équipe!

Avec Cornelia, l’architecture paysagère et l’architecture se mélangeaient d’une telle manière que les disciplines se fondaient l’une dans l’autre. Cela est évident dans ses projets réalisés avec Arthur Erickson Architects, comme le Musée d’anthropologie, Robson Square et son palais de justice, et Montiverdi Estates.

Pour Montiverdi Estates, 20 maisons ont été construites sur un site boisé très incliné à West Vancouver. Le même principe de pluridisciplinarité s’appliquait dans ce cas-ci—maintenir le coteau naturel autant que possible, monter les maisons sur des piliers, permettre aux arbres d’entrecouper par intervalles la route et les terrasses. Les grands cèdres et les sapins furent « judicieusement élagués » afin de laisser passer la lumière et de laisser place à quelques points de vues. Récemment, lorsque certains propriétaires voulaient savoir comment bien entretenir une aire commune, la réponse de Cornelia était de ne « rien faire », de laisser décider la nature, d’employer le principe d’ « ensauvagement »—c’est-à-dire de travailler avec la flore naturelle existante.

Adopter le mantra des trois « P »

Cornelia avait un mantra favori, les trois « P »—patience, persistance, professionnalisme—auquel nous avons plus tard ajouté un quatrième « P » : passion. Suivant un conseil de sa mère, les trois « P » de Cornelia incluaient à l’origine la politesse. Nous avons remplacé « politesse » par

« professionnalisme » car en repoussant les frontières du design, nous avons rencontré plusieurs divergences inévitables. À chaque fois qu’un obstacle se dressait devant nous, nous pensions au mantra des quatre « P ». Il était également important de maintenir une vision positive. À travers tout cela, nous sommes parvenues à garder notre sens de l’humour. Chaque rencontre avait son lot de rires. Ces dernières années, nous avons également ajouté de la poésie inspiratrice, portant souvent sur les qualités uniques de la nature.

Fait peut-être moins connu : Cornelia était un modèle pour plusieurs femmes professionnelles. Que ce soit lors de ses présentations, de ses conférences, ou lors de rencontres privées chez elle, les femmes demandaient souvent à Cornelia de leur donner des conseils et de partager son expérience. Les conversations étaient souvent axées sur comment concilier une carrière, une vie de famille et des activités bénévoles tout en maintenant un lien avec nos communautés. Cornelia était active sur tous les fronts. Plus je vieillis, plus j’apprécie toutes celles qui ont arpenté le chemin avant moi.